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samedi 18 juillet 2009

Katanga - Musoshi : des rejets de cuivre menacent la santé des habitants .

Les habitants de Musoshi, près de Lubumbashi, se plaignent chaque année de la pollution causée par des déchets abandonnés de cuivre, qui seraient à la base des maladies respiratoires dont ils souffrent. Malgré leur cri d’alarme, personne ne fait rien pour trouver une solution à la menace…A chaque saison sèche, entre avril et octobre, Musoshi étouffe.
Cette petite cité minière située à près de 100 km de Lubumbashi, capitale du Katanga (sud-est du pays), a bien du mal à respirer en cette période de l’année, où le vent sec soulève beaucoup de poussière. Dans cette cité de 187 mille habitants, une bonne partie de la population vit en effet près d’une épaisse couche verdâtre de rejets de cuivre, qui s’est répandue sur une étendue de plus de 5 km de long et 800 m de large au sud-est de Musoshi.

Rejetée par l’usine de traitement des minerais de cuivre de la Sodimico, société paraétatique aujourd’hui en quasi faillite, cette couche est devenue polluante. En période de saison sèche, elle dégage une poussière suffocante. "Ici, tout le monde a le mouchoir au nez. Nous toussons au point de ne plus suivre les cours", témoigne Chrétien Kongolo, étudiant dont l’Université est installée à l’école secondaire Muhona, à une trentaine de mètres du site.Les travailleurs de la société vivent dans un camp tout proche. A proximité se trouve aussi une paroisse catholique, Saint Jean-Bosco dont le curé, père Swinen, a du mal à organiser ses cultes. "Durant la saison sèche, nos fidèles viennent prier le matin quand il ne vente pas, explique-t-il.

Pendant les cultes des dimanches, les portes de l’Eglise sont hermétiquement fermées pour éviter d’attraper la toux."Rhume ou toux, tuberculose…, la population ne décolère pas. Pour elle, l’immense couche formée par ces déchets de cuivre rejetés pendant des années par l’usine Sodimico est la cause principale de la forte recrudescence, à chaque saison sèche, des maladies pulmonaires dans la cité. "Il y a 5 mois je ressentais des chatouillements au nez, puis j’ai commencé à tousser et à jeter des crachats contenant du sang", raconte Mukoko, une malade de tuberculose.
Les quartiers Kambasa et Béton sont les plus exposés au danger. "Chaque année nous ne fermons plus l’œil et cela dure depuis longtemps", enrage Francine Kapalata, dont une sœur hospitalisée à Muhona crache du sang de la bouche et au nez "à cause de cet acide." A l’hôpital Muhona de la Sodimico, 1706 cas de maladies pulmonaires ont été enregistrés ces quatre dernières années. Médecin-chef de cet hôpital, François Mulemwa reconnaît que ces infections sont généralement en nette croissance en saison sèche.

Mais il hésite d’établir un lien direct de cause à effet. "L’affaire de rejet des minerais n’est pas à négliger, déclare-t-il. Mais nous ne pouvons pas confirmer que la couche d’acide est responsable de la tuberculose, d’autant plus que ceux qui vivent ailleurs en souffrent."Travaillant chez Médecins Sans Frontières, son collègue Rufin Kasongo affirme que les personnes vivant dans l’environnement proche du site des déchets de cuivre développent, à coup sûr, des maladies pulmonaires à cause de la poussière qu’ils aspirent. "Il peuvent attraper la pneumonie à base de pneumocoque, le rhume et d’autres maladies de la sphère respiratoire", explique-t-il.
L’absence de pluie est durement vécue par les habitants. Quand la société minière tournait encore, les rejets de cuivre qui sortaient de son usine étaient drainés par un canal d’eau jusqu’à la rivière Musoshi. Depuis l’arrêt de ses activités il y a une douzaine d’années, durant la saison non pluvieuse, "la couche d’acide sèche et dégage un gaz toxique nocif à la santé", constate Jacques Romain Kabila, enseignant à Muhona.

La Sodimico qui n’a pas été dissoute, a conclu une joint-venture avec une nouvelle société, la Minière de Musoshi et de Kisenda (MMK). Ses dirigeants semblent conscient des dangers que représentent les rejets de cuivre, mais disent ne pas avoir des moyens pour les évacuer. "Ils doivent trouver une solution aux maux causés par leur société et qui ruinent notre santé", crie avec désespoir Francine.
Selon le chef de la cité, André Kapampa, son administration a tenu plusieurs réunions autour de ce problème avec le comité de gestion de l’entreprise minière, sans grand succès. Il promet de "s’y mettre", sans aucune autre précision. Une situation d’impasse que la Société civile locale condamne avec véhémence. "Si les autorités et la Sodimico ne font rien, ils mettent toute notre société en danger", tempête Kazadi Kaboba, son président.
Source : mediacongo.net

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