La communauté humanitaire a lancé ce 17 juin un appel pour 38 millions de dollars US afin d'apporter de l'aide à près d'un million de personnes dont les conditions de vie déjà précaires se sont détériorées ces derniers mois à la suite d'attaques armées et des opérations militaires en cours à l'Est de la République Démocratique du Congo. Ces fonds permettront d'aider les populations vivant principalement dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu où 800 000 personnes se sont déplacées à l'intérieur du pays depuis le début de l'année.
Les femmes et les enfants sont les premières victimes. Les populations semblent vivre dans un climat quasi permanent de mouvement tant les cycles de déplacement interne et de retour sont liés. 780 000 personnes sont retournées dans le Sud Kivu, tandis que ce chiffre se situe à 300 000 dans le Nord-Kivu. A ce jour, on estime à 1,7 million le nombre total de personnes déplacées internes sur l'étendue du territoire congolais. Ces mouvements continus de populations posent également des problèmes aux acteurs humanitaires, rendant la planification de l'aide plus complexe.
Au Nord Kivu, plusieurs semaines d'opération militaire et d'instabilité ont engendré une situation humanitaire précaire caractérisée par les déplacements massifs de populations, tueries, actes de violences sexuelles, absence de protection et autres violations des droits de l'homme. Des problèmes humanitaires tels que la destruction des écoles, la détérioration des systèmes d'approvisionnement en eau potable et des systèmes de santé, et la faible prise en charge des cas de violence sexuelle se sont accentués et nécessitent aujourd'hui des nouveaux financements. 23 millions de dollars US sont ainsi requis pour, entre autres, l'éducation, la logistique, les biens non alimentaires, la protection, l'eau et l'assainissement, ont indiqué les acteurs humanitaires du Nord Kivu.
La situation au Sud-Kivu est un reflet de celle du voisin du nord où les besoins humanitaires sont estimés à 15 millions de dollars US. 1 135 cas de viol ont été enregistrés pendant les trois premiers mois de l'année 2009, un chiffre qui représente plus de la moitié des cas enregistrés dans la province en 2008 ; plus de 350 000 personnes ont été contraintes d'abandonner leurs maisons ; des milliers d'enfants ont délaissé les bancs d'école, selon les acteurs humanitaires.
« La situation actuelle nous a quasiment ramené à la case départ. Des nouvelles contributions permettront de sauver des vies, et aux humanitaires de maintenir une capacité de réponse » a dit le Coordonateur Humanitaire Ross Mountain à Kinshasa. Il a ajouté que les donateurs avaient déjà fait preuve de générosité.
Huit mois après le lancement d'un appel de fonds de 800 millions dollars US dans le cadre du
Plan d'Action Humanitaire 2009, les contributions s'élèvent à ce jour à plus 408 millions de dollars US, une contribution « remarquable » de 49%, a dit M. Mountain.
Par ailleurs, le Pooled Fund- un mécanisme de financement initié en 2005 qui permet le financement des projets à travers une enveloppe commune- a alloué depuis le début de l'année 25 millions dollars US à ces deux provinces. Le Fonds Central d'Urgence (CERF), qui représente un troisième outil de financement, a également alloué 10 millions de dollars US pour près de 200 000 déplacés internes en Province Orientale, et 3 millions de dollars US pour le service aérien humanitaire.
Cependant, les acteurs humanitaires ont plaidé aujourd'hui pour des nouveaux financements car les besoins à ce jour ont dépassé les contributions reçues et les humanitaires craignent une aggravation de la situation.
Parallèlement à l'appel de fonds, la communauté humanitaire a aujourd'hui appelé à une meilleure protection. Elle a exhorté les autorités congolaises, en tant que premier responsable, à améliorer la protection des civils et celle des travailleurs humanitaires. Les vols, agression physiques et autres actes de banditisme dont les humanitaires sont victimes pourraient compromettre le bon fonctionnement de l'assistance humanitaire, ont-ils indiqué. Depuis janvier 2009, 61 actes de violence contre les acteurs humanitaires ont été enregistrés dans le Nord Kivu.
Les combattants des groupes armés tels les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), et les soldats des Forces Armées de la RDC (FARDC) sont à l'origine de la crise de protection, selon les civils et les acteurs humanitaires. Des actions de plaidoyer, tant à Kinshasa que dans les localités concernées, sont en cours afin d'exhorter les autorités congolaises à mieux remplir leur devoir de protection envers ces deux groupes.
« Les mois à venir seront éprouvants pour des milliers d'hommes, femmes et enfants. Une fois de plus, des vies sont menacées, et sans soutien additionnel, nous manquerons à notre responsabilité » a dit Mountain au nom de la communauté humanitaire.
Source : Infos OCHA tirées de Reliefweb.int