Les installations de l’assemblée provinciale de l’Equateur sont sous scellées depuis lundi soir. Cette décision du ministre de l’Intérieur du gouvernement central fait suite aux graves incidents survenus lors de la séance plénière de lundi, séance qui s'est terminée en queue de poisson, indique radiookapi.
Actuellement, une trentaine des policiers montent la garde des installations de l’assemblée provinciale de l’Equateur à Mbandaka. Certains députés contactés approuvent la décision du ministre de l’Intérieur du gouvernement central de placer sous scellés les locaux de cette assemblée. Toutefois, ils estiment que cette décision a été prise, selon eux, à la hâte. Ils souhaitent aussi que la délégation qui doit en principe arriver mercredi de Kinshasa et qui pourrait être conduite, selon nos informations, par le ministre de l'Intérieur, que cette délégation puisse entendre les députés avant de prendre une décision finale. De son coté, le président de l’assemblée n'a pas souhaité faire de déclaration sur cette situation inédite.
Pour rappel, les trois dernières séances plénières de l’assemblée provinciale de l’Equateur avaient connu une agitation inhabituelle, et s'étaient toujours terminées en queue de poisson. La goûte d'eau qui a fait déborder le vase lundi reste le rejet par les députés du projet d'ordre du jour, par 37 voix contre et 28 pour. Les députés majoritaires souhaitaient que l’on inscrive à l'ordre du jour l'examen de la motion incidentielle du député Lofandje, motion qui selon eux, était restée en suspens vendredi dernier. Cette motion demandait le départ du président ainsi que des autres membres du Bureau permanent, au motif qu’ils se sont octroyés des indemnités de sortie alors qu’ils sont encore en poste. Pour le président, la motion du député Lofandje était devenue sans objet.
Edmond Mondombo explique que cette motion dite incidentielle développe plutôt le contenu d’une motion de défiance contre le bureau. Ce qui, de son avis, n'est prévu par aucun texte.Ces explications n’ont pas convaincu la majorité des députés. S’en est alors suivie une vive tension entre les élus du peuple ; certains sont même allés jusqu'à s’échanger des coups de poing. Débordé, le président a demandé à la police de faire sortir deux députés particulièrement agités, les Honorables Lofandje et Mwamba. Ce qui n'a fait qu'augmenter la colère des députés favorables à la motion incidentielle. Un désordre généralisé a alors gagné l'hémicycle. Pour une raison non encore élucidée, un policier a dû tirer en l’air dans la salle, créant ainsi une panique générale. La séance a été suspendue, avec les suites que vous connaissez: le bouclage total du périmètre abritant le siège de l'Assemblée provinciale depuis lundi 20 heures !
Le MLC dénonce la dérive totalitaire
La décision du ministre de l'Intérieur du gouvernement central de sceller les portes de l'assemblée provinciale de l'Equateur à la suite d'un incident qui s'y produit lors de la dernière plénière, est considérée par le MLC comme le début d'une dérive totalitaire. Le secrétaire exécutif de ce parti majoritaire au sein de cette assemblée provinciale, le député Thomas Luhaka, demande au ministre de l'Intérieur de revenir sur sa décision dans les plus brefs délais.
" Nous condamnons et dénonçons avec la plus grande vigueur la décision du ministre de l'Intérieur. Il n'a ni compétence ni aucune prérogative de prende cette décision", a déclaré Thomas Luhaka. La décision du ministre de l'Intérieur n'est-elle pas conservatoire pour éviter les troubles au sein de l'assemblée provinciale de l'Equateur? Réponse du député du MLC : " Il n'y avait pas de troubles. Le président de l'assemblée provinciale a voulu faire évacuer la salle, les députés se sont opposés, et puis, il y a eu cet incident des accrochages." Pour Thomas Luhaka, cela ne justifie nullement la fermeture d'une assemblée provinciale composée des gens élus par une décision prise par le ministre de l'Intérieur. "En tout cas, depuis la nouvelle Constitution et les lois relatives à la décentralisation, le ministre de l'Intérieur n'a plus cette prérogative. Nous craignons que ça soit une dérive totalitaire qui s'est mise en marche avec cette décision", a-t-il conclu.
Une décision excessive, selon le RCD
De son côté, tout en condamnant la brutalité de certains députés provinciaux de l’Equateur et l’attitude du bureau de cette assemblée provinciale, le sénateur RCD Lola Kisanga trouve excessive la décision du gouvernement central de sceller le siège de l’assemblée provinciale de l’Equateur. Pour lui, le gouvernement doit rapidement annuler cette décision, et en plus, il faut que le bureau de l'assemblée concernée convoque la conférence des présidents "pour discuter de cette question qui a opposé les élus, et obtenir à ce que la question soit inscrite à l'ordre du jour et vidée."
Juste le temps d'une enquête, selon le gouvernement
Pour le ministre de la Communication et des médias et porte-parole du gouvernement central, Lambert Mende, les faits survenus au cours de la dernière plénière de cette assemblée étaient de nature criminelle. Une enquête est déjà ouverte à ce sujet, et la fermeture du siège de cette assemblée n’est que momentanée. Il explique : " Ce qui s'est passé à Mbandaka, à l'assemblée provinciale est extrêmement grave. Il y a eu utilisation d'armes à feu, les gens ont utilisé la police nationale contre leurs adversaires politiques. Des tirs qui se sont répandus même jusque dans la ville. Donc, ce sont des crimes qui ont été commis. Ce sont des atteintes graves à la sécurité des gens. Une enquête est en cours. Le ministre a décidé d'indisponibiliser le lieu pour permettre à la justice et à la police de faire leur travail, et par conséquent, les activités de l'assemblée sont momentanément gelées, le temps de cette enquête, voilà tout."
Source: radiokapi.net
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