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samedi 20 juin 2009

Au 30 juin 2009 : Joseph Kabila Kabange à la croisée des chemins !

Dans onze jours exactement, le président de la République Joseph Kabila Kabange va une fois de plus faire un discours sur l’état de la Nation à l’occasion de la commémoration du 49ème anniversaire de l’indépendance. Un discours dont le contenu se démarquera à coup sûr des précédents, à mi-parcours de son mandat de cinq ans.
Dans onze jours, la République démocratique du Congo commémorera le 49ème anniversaire de son accession à l’indépendance. Chef-lieu de la province du Nord-Kivu, la ville de Goma sera pour la circonstance l’éphémère capitale de l’Etat. Et pour cause. En effet Goma a été choisie pour servir de cadre aux manifestations commémoratives du 49ème anniversaire de l’indépendance.
Ainsi en a décidé le chef de l’Etat qui n’a pas voulu déroger à la règle qu’il a instaurée de célébrer la fête du 30 juin dans un chef-lieu de province du pays, et ce à tour de rôle. Après Kinshasa, qui en a vu tant et tant auparavant, puis Lubumbashi, Mbandaka et Kananga par la suite, cette année l’honneur a échu à Goma, la petite « Suisse » tapie aux pieds des volcans, de réunir dans quelques jours tout le gotha institutionnel de la République.
C’est donc depuis cette ville lacustre que le chef de l’Etat s’adressera à la Nation dans une allocution dont nous avons de sérieuses raisons de croire qu’elle dépassera en percussion celles qu’il a prononcées au cours de son mandat électif. Parce que sa portée planera inéluctablement vers ce qui se profile à l’horizon de 2011.
A ce propos, nous aurons mauvaise conscience de ne pas affirmer que le message que va livrer JKK à cette occasion ressemblera en puissance et en tonalité à ses deux discours précédents du 6 décembre 2007 et 2008.Son allocution du 6 décembre 2007 prononcée à l’occasion de son investiture avait eu un effet-déclic auprès des masses populaires emportées alors dans un courant d’optimisme qui augurait une ère sociale nouvelle.
Son investiture ayant été suivie de la mise en place de toutes les composantes de l’armature institutionnelle prévue constitutionnellement (les deux assemblées législatives nationales, gouvernement) ne pouvait autoriser cet accès d’optimisme. Optimisme légitime d’un peuple dont l’aspiration au bien-être qui a été longtemps insatisfait demeure encore irrépressible à ce jour. Le peuple congolais a trouvé dans ce discours présidentiel-là des raisons d’espérer. Il s’est mis aussitôt à rêver de cette aube nouvelle annoncée. Hélas, douze mois après, on s’est rendu à l’évidence : le gouvernement Gizenga I, puis celui qui l’a succédé, ont été incapables de traduire en actes les orientations du Raïs, et éloigné le peuple de ses aspirations profondes, tel qu’il s’était mis à le rêver !Qu’a vu le peuple par la suite ? Qu’est-ce qu’il a continué à constater ? Ceci.
La justice a continué à se rendre à la tête du client : les détournements de deniers publics se sont poursuivis sans qu’aucune porte de prison ne s’ouvre pour accueillir ces fonctionnaires indélicats ; des ministres provinciaux ont été pris la main dans le sac, mais ils ne sont même pas inquiétés ; des biens mobiliers et immobiliers appartenant au patrimoine de l’Etat sont dilapidés dans l’indifférence la plus totale ; la course à l’embourgeoisement facile et sans cause met en compétition tous ceux qui ont un nez suffisamment fin pour détecter où niche l’argent destiné au Trésor public. Dans cette compétition à l’enrichissement, aucune structure de l’Etat n’est à l’abri de la prédation.
Et le petit peuple vit au quotidien l’étalage ostentatoire de la réussite – que les moralistes me pardonnent mon outrecuidance d’avoir utilisé cette inversion de valeurs qui me fait hypocritement éviter d’appeler le chat par son nom – qui se traduit par la poussée vertigineuse de villas par-ci, l’achat des grosses cylindrées « Hammer » et les «Hummer» par-là, qui imposent leur classe sur les routes de la capitale ! Bref : la bourgeoisie compradore croît à vue d’œil, à l’ombre du petit peuple dont l’espoir vers le bien-être élémentaire se rétrécit au fil des jours.Contrairement à ce que l’on pourrait penser, tous ces faits et méfaits sont rapportés à JKK au fur et à mesure qu’ils se commettent, mais les réactions qu’il en attend de la part des organes chargés de la répression tardent toujours à venir.
C’est comme si l’on se trouverait sur une scène où se meuvent des ombres chinoises.Un an après, son allocution sur l’état de la Nation du 6 décembre 2008 traduit autant sa lassitude que sa volonté de donner un vigoureux coup de timon à bâbord et à tribord pour impulser une dynamique nouvelle à l’action gouvernementale. Cette fois, a pensé JKK, Muzito le technocrate qui a repris au patriarche le tablier de la Primature dirigera un nouveau gouvernement qui pourra faire mieux que n’a fait Antoine Gizenga. Peine perdue : en huit mois d’existence, le gouvernement Muzito tarde à donner au peuple le sourire qu’il attend de lui. On peut mesurer l’angoisse qui étreint JKK qui sait que c’est lui, et pas le gouvernement, qui va avoir des comptes à rendre à ce peuple dans vingt-quatre mois.
Il va falloir, d’ici là, qu’il cherche de nouvelles perles – réputées rares cette fois – avec lesquelles il pourra compter pour venir à bout du pessimisme qui s’est emparé du peuple congolais qui voit s’éloigner jour après jour la satisfaction de ses besoins fondamentaux. Faute, pour le président, de disposer de collaborateurs capables de traduire dans les faits les orientations qu’il leur donne.Aujourd’hui, à onze jours de la célébration de la fête de l’indépendance, entre ce peuple et le Raïs s’est quasiment installé de facto un face à face crucial qui ne peut se dissiper qu’à une seule condition : que celui-ci réponde aux préoccupations de celui-là.
Le discours sur l’état de la Nation qu’il va prononcer le 30 juin sera le plus significatif qui marquera son mandat électif. Il déterminera le soubassement de la stratégie avec laquelle le gouvernement à venir va diriger les affaires du pays sous sa houlette personnelle. Pour revenir au face à face qu’il va avoir avec le peuple, JKK a l’obligation de se faire violence dans le choix des hommes appelés à faire partie du futur gouvernement. Quand bien même ce choix se fera compte tenu des contraintes et des contingences politiques qui le lient à sa famille politique, il doit malgré tout se donner des coudées franches pour imposer des restrictions et des critères absolument rigoureux pour accepter les futurs membres dans le prochain gouvernement. De ce gouvernement de la dernière chance qui n’aura pas droit à l’erreur.
Ou bien ce gouvernement saura manœuvrer avec habileté pour que lui, le Raïs, gagne son face à face avec le peuple, ou ce gouvernement l’exposera à la défaite. Cruel dilemme qui laisse JKK face à sa conscience. Il porte sur sa tête l’aura du leadership qu’il détient au sein de sa famille politique ! Faut-il le répéter une fois de plus ? Il ne devrait choisir sans complaisance ni avoir des demi-mesures dans les décisions.
L’heure est suffisamment grave pour qu’il ne cède pas aux chantages d’où qu’ils viennent. Car il est clairement entendu que, avec la future équipe gouvernementale, des deux choses l’une : ou ça passera, ou ça cassera ! Alors ?

Source : digitalcongo.net

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